Programmes politiques : L’heure des ‘’machines à mafé ’’

Une campagne fast-tract, voilà ce à quoi nous avons abouti après une période folle de report et de report-reporté de la présidentielle. Comme la date a finalement été retenue, les candidats sont tous sur le terrain, conscients à la fois de l’insuffisance du temps et de la nécessité pourtant de convaincre le maximum de sénégalais.

Donc, c’est l’heure des programmes, c’est-à-dire des projets de société à proposer aux sénégalais. Et les candidats s’y adonnent à cœur joie. C’est ainsi le moment des promesses, les unes aussi rocambolesques que les autres. Certes, il ne s’agit pas, pour la plupart des candidats, de promettre la lune, mais, nous en avons nettement l’impression, en les écoutant, d’être dans du déjà-entendu. Ce qui est d’ailleurs proposé comme ‘’programme’’ a des allures, à bien des égards, de déclarations d’intention, des vœux pieux.

Dans chaque secteur, on dit aux citoyens ce qu’ils souhaitent entendre en insistant sur le secteur primaire comme l’agriculture, la pêche, l’artisanat, etc. L’accent est aussi mis sur la transformation, l’industrialisation, les libertés publiques, la réforme des institutions, etc. Et j’en passe… C’est beau et ce n’est compréhensible. Ainsi, après une longue période de politique politicienne et de querelles de clocher, l’heure est aux débats de fond, aux orientations et stratégies pour améliorer le sort des sénégalais. Il faut cependant éviter de chercher à séduire coûte que coûte.

Les promesses mirobolantes du genre ‘’machines à mafé ’’ n’aideront pas à améliorer le sort des sénégalais. Car, il y a certes des efforts considérables à faire et tout est urgence dans ce pays, mais les marges de manœuvres sont parfois limitées par le contexte national et international. Parler par exemple d’une monnaie nationale au Sénégal, c’est remettre en cause les accords de l’Uemoa, tourner le dos au projet Eco, la monnaie unique africaine et à beaucoup d’autres avancées économiques communautaires.

Evoquer l’autosuffisance alimentaire implique des préalables comme la maitrise de l’eau et de la terre, des circuits de conservation, de transformation et de commercialisation sans oublier la nécessaire mécanisation de cette activité. Il est important alors, pour tous les candidats, de travailler sur des programmes sérieux, réalistes et réalisables. Et d’éviter, le maximum possible, les déclarations de propagande et de séduction. Car, l’heure de rendre compte va arriver, une fois élu. Et c’est là où la dure réalité du pouvoir va rattraper celui qui aura la lourde charge de diriger ce pays.

En tout état de cause, nous nous félicitons de ce débat public par candidats interposés ou par le truchement de leurs représentants. Cela aura pour effet d’aider à bien comprendre leurs ambitions pour ce pays, à mettre l’accent sur les priorités de l’heure et les solutions de sortie de crise. Nous ne perdons pas de vue le fait que beaucoup de candidats, une fois au pouvoir, oublient parfois même leurs propres promesses et versent dans des orientations tout à fait étrangères à ce qu’ils avaient promis naguère. C’est ce jeu de dupes qui n’est plus acceptable.

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