Les greffiers du Sénégal sont montés au créneau hier jeudi, suite au placement sous mandat de dépôt de leur camarade, Me Ngagne Demba Touré. Très remontés contre « la violation des droits» de Me Touré, ils ont délogé ceux qui étaient dans les salles d’audience avant de décréter un arrêt de travail jusqu’à nouvel ordre. Me Abdoulaye Mboup, greffier et chargé de communication de l’Union des travailleurs de la justice (Untj), est revenu sur la genèse de leur mouvement d’humeur. Sur le plateau spécial de PressAfrikTVHD, ce vendredi 23 février 2024, il a fait savoir que « c’est la goutte d’eau qui a fait déverser le vase ».
« Depuis un certain temps les syndicats des travailleurs de la justice sont en grève. Ce mouvement d’humeur avait commencé depuis belle lurette notamment sous le magistère de Ismaëla Madior Fall, réitéré avec la présence de Me Aïssata Tall Sall. Depuis lors, les autorités nous opposent un mutisme total. Et pourtant nos revendications sont légitimes, elles ne sont pas la mer à boire », a d’emblée souligné Me Mboup, qui considère la gestion de leurs carrières comme « catastrophique».
Pis, a-t-il regretté, « Nous membres de l’UNTJ, pour casser la dynamique en violation de nos droits, ils (autorités) nous ont affecté, en guise de sanction, dans l’intérieur du pays alors que nous avions levé le mot d’ordre de grève. Moi qui vous parle, on m’a envoyé à Kédougou ».
Revenant sur le cas de Me Ngagne Demba Touré, Me Mboup a estimé que c’est pour des « raisons politiques qu’il a été arrêté ». « La Constitution du Sénégal permet à tous les citoyens d’exercer librement la politique ou le syndicalisme », a-t-il invoqué.
Le chargé de communication de l’UNTJ a profité de l’occasion pour répondre au Président de la République Macky Sall qui, dans un entretien avec certains médias sénégalais jeudi soir, a soutenu que « les greffiers ne sont pas au-dessus de la loi ». Il dira : « Cà, on le sait déjà. On n’a pas dit que Me Ngagne Demba Touré est au-dessus de la loi. Ce que l’on veut c’est qu’on respecte ses droits que la Constitution lui a conféré. Nous (greffiers), nous bénéficions d’un privilège de juridiction. Normalement, il (Me Ngagne Demba Touré) devait être entendu par une chambre d’accusation. Ce qui n’a pas été fait», a-t-il constaté.
« Nous n’avons pas peur des menaces », dixit Me Abdoulaye Mboup
Me Mboup d’informer qu’un communiqué émanant d’un autre corps de la justice sera bientôt publié. Avant de révéler le contenu du document.
Les greffiers vont tenir une conférence de presse dans quelques minutes pour « parler aux Sénégalais et au monde entier ». « Pour leur dire dans quelles conditions nous travaillons, comment on nous considère dans le secteur de la justice. Parce que l’affaire Me Ngagne Demba Touré est une insulte pour tout greffier », a soutenu Me Mboup.
Avec un ton ferme, Me Mboup répond « aux menaces » proférées par une autre organisation corporative qui a estimé que les greffiers ont « outragé » leur collègue.
« Leurs menaces ne nous empêchent pas de dormir. Ça nous fou au pôle nord. Nous faisons notre travail dignement. Nous ne sommes pas dans des choses louches. Si on parle avec l’autorité, c’est parce que nos mandats nous l’ont demandé. Nous ne vendons pas notre âme au diable . Nous ne portons pas un combat d’aucun parti politique, ni de l’opposition encore moins du pouvoir. Nos problèmes nous suffisent », a-t-il laissé entendre.so
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