Émigration Clandestine: Les victimes face aux marchands d’illusion
Avant de confier leur vie à l’océan Atlantique, de nombreux jeunes Sénégalais confient d’abord leur destin aux marabouts. Ces guérisseurs traditionnels, qui mélangent islam et animisme, promettent une protection divine pour la traversée à l’émigration.
Face à l’ampleur de l’émigration clandestine, il est important de faire un focus sur le rôle méconnu des marabouts au Sénégal. En effet, ces derniers proposent des protections mystiques aux candidats au départ vers l’Europe, malgré les risques judiciaires encourus. Ils sont partout et on constate qu’ils reçoivent des jeunes rêvant de rejoindre l’Europe vers les îles Canaries, situées à 1 500 kilomètres des côtes sénégalaises.
La pratique, bien qu’interdite par la loi sénégalaise de 2005 contre le trafic de migrants, reste très répandue. Selon La Croix, ces marabouts encourent de cinq (05) à dix (10) ans d’emprisonnement pour leur participation à ces traversées périlleuses. Pourtant, dans un pays où l’islam côtoie les croyances animistes, leur influence demeure considérable.
Nombreux sont des médias qui se sont intéressés sur cette pratique. Une source explique que des voyageurs se dotent de ces pratiques « On ne dort plus dès que le bateau prend la mer, il faut l’accompagner spirituellement avec des prières et des incantations tout du long, c’est très fatigant. » Il prépare des « ngaw » (ceintures protectrices) et des bains purificateurs mélangeant traditions ancestrales et versets coraniques.
Toutefois, les conséquences tragiques de ces départs se manifestent régulièrement mais selon Imam Ibrahima Diouf « On ne cesse d’en parler, de dénoncer mais ça ne dissuade pas les jeunes. Le problème ne vient pas seulement de ces ‘marabouts’ mais aussi de la société qui leur fait croire que la seule façon de réussir leur vie, c’est d’aller en Europe. » avance t-il.
Le 8 septembre dernier, un drame est venu illustrer les limites de ces protections mystiques : plusieurs jeunes ont péri dans le naufrage d’une pirogue au large de Mbour. La Croix rapporte que des gris-gris ont été retrouvés sur les corps échoués sur la plage, témoignage silencieux de croyances qui, face à la mer, ne suffisent pas toujours à protéger ceux qui tentent la traversée.
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