. Thiaroye 44 : du reniement à la reconnaissance (Par Alassane Mbaye)
Le 1er décembre 1944, le massacre de Thiaroye marquait une tragédie de l’histoire coloniale française. Ce jour-là, des tirailleurs sénégalais, ayant combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale, furent abattus par les forces coloniales pour avoir réclamé leurs soldes impayées. Cet événement, longtemps occulté, incarne les injustices d’un système colonial qui exploitait ses soldats africains sans leur rendre la dignité qu’ils méritaient.
Alors que le Sénégal commémore ce soir le 80? anniversaire de ce massacre, la reconnaissance officielle d’Emmanuel Macron comme un acte de violence colonial constitue un progrès. Cependant, cette déclaration reste insuffisante face aux attentes des descendants des victimes, qui réclament à juste titre justice.
Les tirailleurs sénégalais, héros oubliés, ont non seulement été méprisés à leur retour, mais leurs familles ont été abandonnées dans le silence et l’oubli. Pendant des décennies, le massacre a été minimisé, qualifié de « rébellion » pour justifier la répression brutale. Ce silence, brisé tardivement, ne suffit pas à réparer l’injustice historique.
Pour avancer vers une réconciliation authentique, il est plus qu’impératif que la France assume ses responsabilités. Des excuses officielles ne suffisent pas ; il est essentiel que les familles des victimes soient indemnisées pour les souffrances endurées. Comme l’a souligné le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, reconnaître un massacre doit nécessairement s’accompagner d’une volonté de faire amende honorable.
Comment la France peut-elle réparer ses torts ?
La réparation des torts commis lors du massacre de Thiaroye doit passer par plusieurs mesures concrètes :
1-Idemnisation financière : la France doit établir un fonds dédié aux familles des victimes pour compenser les pertes subies.
2-Accès aux archives : un accès complet aux archives militaires concernant ce fâcheux événement doit être garanti pour permettre aux historiens et aux familles des victimes d’étudier ce chapitre tragique de l’histoire.
3-Excuses officielles : des excuses publiques doivent être formulées en toute honnêteté par les autorités françaises pour reconnaître pleinement la gravité des actes commis.
4-Éducation et sensibilisation : intégrer l’histoire du massacre de Thiaroye dans les programmes éducatifs afin que les générations futures comprennent les injustices du colonialisme.
En définitive, seule une véritable volonté politique, incarnée dans des mesures de réparation concrètes, pourra honorer la mémoire des tirailleurs de Thiaroye et ouvrir la voie à une réconciliation durable entre la France et le Sénégal. Une reconnaissance sincère du passé et une volonté de faire amende honorable sont essentielles pour faire honneur aux victimes. C’est ainsi que nous pouvons espérer bâtir une société plus juste et respectueuse des droits de chacun.
Alassane Mbaye
PDG Vigilus
Les commentaires sont fermés.