Président de la République du Sénégal : Diomaye FAYE et Abdou DIOUF, Une similitude

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Les similitudes entre les deux présidents éclairent d’un jour nouveau la diplomatie sénégalaise. Leur rencontre de juin dernier signe la fin d’une tradition où chaque nouveau régime prétendait réinventer le pays.

La visite que le président Diomaye Faye a rendu à Paris, au mois de juin dernier, à l’ancien président Abdou Diouf mérite d’être saluée comme une marque de respect mais aussi de la reconnaissance d’une sorte de « droit d’ainesse  » ancrée dans nos traditions, et enfin et surtout une affirmation solennelle du principe républicain de la continuité de l’État. Ce faisant, le président Faye a voulu rompre avec cette désastreuse « tradition » qui voulait que chaque nouveau régime se soit senti presque dans l’obligation d’agir comme si l’histoire du pays commençait avec lui. En vérité, croire que l’arrivée d’une nouvelle personne a la magistrature suprême du Sénégal peut à elle seule, quelle que soit sa valeur, expliquer le prestige international de notre pays, c’est refuser de voir la vérité en face. C’est aussi empêcher à la jeune génération de comprendre que les grandes civilisations que nous admirons aujourd’hui ont été construites pierre après pierre.

Le prestige du Sénégal au niveau mondial, nous le devons aussi à la sagesse de sa Nation, à la lucidité de sa classe politique, à la conscience élevée de ses citoyens qui, en l’espace d’une génération, ont pu montrer leur maturité en réalisant trois alternances de régimes, avec panache, dans un continent où l’instabilité politique est la règle. Le prestige du Sénégal, nous le devons enfin à la perception qu’a son peuple de l’enseignement et de la pratique des différents guides historiques et actuels des communautés religieuses du pays.

Le Sénégal, pays en majorité musulmane, qui a donné de grands érudits à la Ummah Islamique devait être selon ses dirigeants, plus visible dans la gouvernance internationale du monde Islamique et assurer plus de présence dans ses activités culturelles et politiques. Grace à de l’entregent de sa diplomatie, le Sénégal réussira à élire en 1975 son ancien ministre des Affaires Étrangères Karim Gaye en qualité Secrétaire Général de l’OCI avant d’organiser quelques années plus tard, en 1991, le Sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique au Sénégal.

Source: Extrait, Hommage à Abdou Diouf, éditions librairie juridique africaine, décembre 2024. Benoit S Ngom est président de l’Académie Diplomatique Africaine.

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