Campagne de commercialisation de l’arachide 2024/2025: Notre point de vue (Ousmane Diakhate)

Un conseil interministériel s’est tenu hier sous l’égide du Premier Ministre pour annoncer une série de mesures pour la prochaine campagne de commercialisation des productions agricoles.

La première mesure concernant le prix plancher de l’arachide à 305 frs nous semble adéquate tenant compte de la conjoncture actuelle et de la volonté du gouvernement d’offrir aux producteurs la possibilité de vendre à un prix rémunérateur. Ce prix qui va au-delà des propositions des acteurs réunis autour du CNIA (280 et 300 frs) est un acte fort du gouvernement pour assister le monde paysan à tirer profit de son labeur.

Et pourtant d’après les experts du CNIA le prix économique de l’arachide tourne autour de 216 frs ! De toute façon un prix insupportable pour les producteurs et politiquement incorrect. Maintenant la question qu’on se pose est comment les huiliers comme la SONACOS,COPEOL,SSII vont entrer en campagne avec un prix plancher qui ne leur permet pas d’écouler l’huile brute issue de la transformation. En baisse depuis novembre 2023 les cours de l’hba étaient estimés à 1800 dollars au moment du calcul de la valeur de l’arachide et ont atteint 1600 dollars avant la publication du prix plancher. Transformée et consommée localement l’arachide a connu un tournant avec la sècheresse des années 80,en privilégiant l’exportation de l’hba et l’importation des huiles végétales moins onéreuses pour le consommateur sénégalais …

Ce modèle a permis aux huileries de tirer profit de leur activité .Il a même bénéficié de la subvention quant le prix fixé par le gouvernement n’était pas en conformité avec la valeur marchande de l’hba sur le marché mondial.Les huileries ont pourtant tenté le marché local en mettant en place des raffineries (copeol,cait) avec la SONACOS qui en réalité n’a jamais abandonné cette option. Mais n’ont jamais réussi à mettre sur le marché une huile d’arachide raffinée à un prix compétitif face aux autres huiles venues de la Malaisie et de la sous région avec des restrictions douanières limitées .Face à tous ces obstacles l’état du Sénégal avait pris l’option la plus facile à savoir l’exportation des graines à l’état brut et l’importation d’huile pour la consommation domestique…Cette libéralisation consacrée par le décret 2010-15 et consolidée par le protocole avec la Chine en 2014 a mis à l’agonie l’huilerie Sénégalaise désarmée face aux négociants chinois qui ont beaucoup d’avantages dont la première est expatrier des devises d’une manière non conventionnelle .

La nouvelle vision des autorités déclinée dans l’agenda Sénégal 2050 et la décision de mettre fin à l’exportation des graines d’arachide à l’état brut a redonné beaucoup d’espoir aux huiliers locaux qui vont enfin retrouvé de la matière première sur le marché même si la production semble être décevante selon les acteurs sur le terrain. Cependant l’objectif de souveraineté alimentaire à travers la valorisation de l’arachide n’est pas clairement visible parmi les 22 mesures prises au conseil interministériel d’hier.

Le gouvernement s’est il résigné en pensant que l’huile d’arachide est hors de portée du consommateur sénégalais ? Et pourtant mettre sur le marché de l’huile d’arachide à un prix compétitif est tout à fait possible et je dirais pourquoi et comment dans une prochaine contribution.

Ousmane Diakhate
Président RASIAAT

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