Le retour annoncé de Macky, suite à sa démission du 4P (Pacte de Paris pour les peuples et la planète), fait jaser. Certains estiment que l’homme manque d’élégance politique et même d’éthique. Sa démission a été motivée par le fait qu’il soit tête de liste de la coalition Takku-Wallu et qu’il doive se préparer en conséquence.
En termes clairs, le Président Macky Sall entend ainsi revenir au Sénégal afin de battre campagne pour sa coalition qu’il partage avec le Parti démocratique sénégalais (Pds) et même pour l’intercoalition qu’ils ont pu mettre en place avec beaucoup d’autres leaders comme Khalifa Sall, Déthié Fall et autres. C’est sans doute cela qui dérange. Car, la démission de Macky intervient à un moment où la tension politique est vive parce que marquée par une rupture d’entente et de confiance entre la majorité au pouvoir et son opposition principale.
Ce qui a été qualifié de « protocole du Cap Manuel » et qui avait permis la libération des détenus dits politiques dont Diomaye et Sonko, est bien derrière nous. La guéguerre à l’Assemblée nationale et la dissolution spectaculaire de cette institution alors qu’une Déclaration de politique générale (Dpg) avait été annoncée, ont précipité les choses. Il s’y est ajouté cette accusation grave de « mensonge d’Etat » dont le Premier ministre est l’auteur contre les anciens tenants du pouvoir au premier rang desquels Macky Sall.
L’ancien Président a été accusé d’avoir abusé de la confiance des sénégalais et des partenaires au développement. Toutes choses qui ont motivé l’ancien locataire du Palais à vouloir descendre sur le terrain ne serait-ce que pour laver son honneur. Il s’agit clairement d’imposer la cohabitation au pouvoir actuel et disent-ils, « d’abréger la souffrance des sénégalais « . Bien sûr, beaucoup de supputations sont en vogue sur le fait que l’ancien Président n’ose pas revenir au pays. Mais, il faut retenir que ce dernier est protégé par un privilège de juridiction qui fait que seule la Haute Cour de Justice peut l’inculper et le juger. Or, seule l’Assemblée nationale peut mettre en place une telle juridiction. A cela s’ajoute le fait que les faits souvent mis en avant ont été effacés par une loi d’amnistie que l’on a tendance à oublier. Macky, qui est sûr d’être député dans tous les cas, va aussi bénéficier d’une immunité supplémentaire, de ce fait. Il vient aussi d’être honoré par les Nations-Unies qui l’ont nommé Président du Centre mondial sur l’adaptation à la place de Ban Ki-moon.
Le régime va sans doute devoir le laisser battre campagne et répondre à certaines attaques. Sonko aura ainsi un adversaire de taille. Il va se jouer alors une présidentielle bis avec toutes ses conséquences pour les autres listes qui sont, pour le moment, une quarantaine. Ce qui va se jouer, c’est de savoir si la majorité des sénégalais va, oui ou non, confirmer la majorité du Pastef. Et ceci dans un contexte où chacun des partis-forts qui composaient les deux plus grandes coalitions, Yewwi et Benno, ont été dissoutes en faveur d’autres ententes.
Sada Mbodj
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