Législatives en France: Gabriel Attal annonce démissionner après avoir sauvé son camp de la débâcle

Ce dimanche alors même qu’Emmanuel Macron annonçait attendre la « structuration » de la nouvelle Assemblée pour « prendre les décisions nécessaires » Gabriel Attal fonce : « Fidèle à la tradition républicaine et conformément à mes principes, je remettrai demain matin ma démission au président de la République ». Mais tout en assurant qu’il pourrait rester à la tête d’un gouvernement démissionnaire pendant les JO 2024. Aussi, « j’assumerai bien évidemment mes fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera. Il ne peut en être autrement à la veille d’échéances si importantes pour notre pays ».
Un président qui a dû avoir les oreilles qui sifflent, mais sans jamais être cité par le Premier ministre, note Charlotte Urien-Tomaka, du service politique de RFI. Et pour Gabriel Attal, le centre de gravité de la vie politique sera moins du côté de l’Élysée. « Il faudra inventer quelque chose de neuf, de grand, d’utile. Pour cela, nous devrons assumer de tout remettre en question. Notre espace politique devra se mettre au travail pour bâtir une offre politique nouvelle. Penser toujours et avant tout aux Français. Nous refuserons de nous en remettre aux extrêmes. Toujours, nous chercherons à apaiser. »
Et ce dimanche soir, immédiatement après sa prise de parole, Gabriel Attal est reparti dans sa circonscription des Hauts-de-Seine – où il a été réélu – avec un dernier pied de nez. « Cette dissolution, je ne l’ai pas choisie et j’ai refusé de la subir ».
Six mois à Matignon
L’amertume passée après la dissolution, sur laquelle il n’a pas été consulté, l’ambitieux Premier ministre avait repris la main sur la campagne de son camp, dont il a évité la déroute : la majorité sortante est arrivée deuxième avec 158 députés (contre 250 dans l’Assemblée sortante), devant le Rassemblement national avec 143 députés et derrière le Nouveau Front populaire avec 180 députés. « Nous avons tenu et nous sommes debout avec trois fois plus de députés que ce que donnaient certaines estimations au début de cette campagne », a salué le Premier ministre.
En près de six mois à Matignon, Gabriel Attal n’a même pas eu le temps d’y planter un arbre, comme le veut la tradition, ni d’aller au bout de ses dossiers, mais il y a semé des graines pour l’après et notamment en vue de 2027. Nommé le 9 janvier 2024 plus jeune Premier ministre de la Ve République, au terme d’une ascension spectaculaire, il arrive rue de Varenne auréolé d’un profil plus « politique » et communicant que sa prédécesseure Elisabeth Borne.
Dès la passation, il impose sa marque : se déplacer souvent, communiquer beaucoup. Trop selon certains, s’attirant les foudres des oppositions qui l’accusent d’accaparer les médias et de « baratiner », Marine Le Pen raillant son « autorité » qui lui « va comme un tablier à une vache ». Gabriel Attal assume et continue d’occuper le terrain, à défaut d’avoir une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Diplômé de Sciences po, quatre fois ministre (Jeunesse, porte-parolat, Budget et Éducation), Gabriel Attal est passé du socialisme au macronisme, en empruntant des codes sarkozystes : il défend les « classes moyennes » et la « France qui se lève tôt », prône « l’autorité » à l’école, et souhaite davantage sanctionner les mineurs délinquants.

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