Gaza: acheminer de l’aide «via» un corridor maritime reste très dangereux sans trêve, prévient l’ONU
Les États-Unis et l’Union européenne ont annoncé, vendredi 8 mars, la mise en place d’un corridor maritime entre Chypre et Gaza pour acheminer de l’aide alors que la famine plane dans le territoire palestinien, une initiative imaginée par les Émirats arabes unis. Mais à l’ONU on prévient qu’acheminer de l’aide, même via ce scénario, reste difficile et ce ne sera pas la voie la plus directe.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen espère que ce corridor humanitaire maritime, long de 370 km, pourra être inauguré dès le dimanche 10 mars. Car, face à la malnutrition et la déshydratation qui menacent les Gazaouis, les parachutages d’aide sont reconnus trop inefficaces et dangereux : 5 personnes ont été tuées vendredi 8 mars et 10 autres blessés par la chute de colis, a rapporté notre correspondante à New York,Carrie Nooten.
Les meneurs de cette initiative reconnaissent que cette opération sera « complexe », mais ils ont souligné leur détermination à œuvrer pour « garantir que l’aide soit acheminée le plus efficacement possible ».
« Difficile de faire en sorte que cela fonctionne rapidement »
Le patron de l’humanitaire des Nations unies, Martin Griffiths, a salué ces annonces tout en restant prudent : « C’est le début d’une conversation. Il va être difficile de faire en sorte que cela fonctionne rapidement. Nous savons à quel point il est difficile de faire avancer ces dispositifs-là. Nous avons vu ce qui s’est passé sur la plage, l’autre jour… mais nous avons besoin d’aide, d’où qu’elle vienne. Bien entendu, nous continuons à insister sur le fait que ce dont nous avons besoin pour Gaza, c’est d’un cessez-le-feu. Mais nous avons également besoin de routes terrestres et l’accès est notre priorité. C’est la seule manière d’avoir un vrai impact. »
Une inconnue demeure : une fois l’aide arrivée à quai, Washington avait d’abord laissé entendre que ce serait le rôle de l’ONU de la distribuer. Pourtant, le secrétaire général Antonio Guterres a été clair : sans cessez-le-feu, toute distribution d’aide est trop dangereuse à mettre en place.
L’armée israélienne chargée de sécuriser le déchargement de l’aide ?
Désormais, selon le plan américain, c’est peut-être paradoxalement l’armée israélienne qui sera chargée de sécuriser le déchargement de l’aide humanitaire envoyée via ce corridor maritime, qui sera mise en place sur la côte au nord de la bande de Gaza, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.
Un scénario qui peut interpeller après une précédente distribution d’aide humanitaire contrôlée par les Israéliens jeudi 29 février : des tirs à balles réelles de l’armée israélienne et une bousculade ont fait au moins 115 morts et 760 autres blessés, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza.
Car un millier de soldats américains pourraient être déployés dans la région, mais aucun sur le sol de l’enclave palestinienne. Cela dans le cadre de la mise en place de cette entreprise colossale d’un corridor maritime, ainsi que pour l’autre préconisation de Washington : également la construction d’un port éphémère sur le long de la côte gazaouie.
L’objectif du corridor maritime entre la ville portuaire de Larnaca sur l’île de Chypre et Gaza – en tout quelque 400 km – est de fournir 2 millions de repas par jour. Cette entreprise colossale pourrait prendre près de deux mois de préparation, selon les Américains.
Mais dès ce dimanche un projet similaire, mais d’une envergure nettement moins étendue, sera mis à l’essai par les Émirats arabes unis.
En attendant, l’Allemagne se joint désormais aux efforts de largage de colis humanitaires sur Gaza. Une initiative qui n’est pas sans risques. Pour le ministère israélien des Affaires étrangères, il s’agit d’opérations qui permettent l’augmentation de l’aide dans Gaza après un contrôle de sécurité israélien. Officiellement, Israël se félicite, mais du bout des lèvres.
Les commentaires sont fermés.