Somaliland: une élection test pour la démocratie dans un climat tendu

1,2 millions d’électeurs sont appelés aux urnes ce mercredi 13 novembre 2024. C’est la 4e fois que les habitants de cette république autoproclamée, éliront directement leur dirigeant, depuis sa séparation de la Somalie en 1991. Trois candidats sont en lice.

Depuis sa séparation de la Somalie, le Somaliland a fait de sa stabilité démocratique le socle de sa légitimité et l’un des principaux arguments de son combat pour une reconnaissance internationale. Mais cette élection se déroule dans un climat particulièrement tendu.

Le président sortant Muse Bihi n’est pas en position de force. Son bilan est controversé. Il a reporté l’élection de deux ans, prétextant des contraintes logistiques. Il a réprimé dans le sang les manifestations qui en sont découlé et son pays est déchiré depuis 2023 par un conflit sécessionniste. Son armée a dû se retirer de la province de Sool, dans le Sud-Est, au profit d’une rébellion armée qui réclame son rattachement à la Somalie. La campagne a d’ailleurs été marquée par des tensions et des violences dans le Sud-Est.

Pour principal argument de campagne, Muse Bihi avance ce protocole d’accord annoncé en début d’année qui prévoit d’octroyer à l’Éthiopie un accès à la mer, en échange de la reconnaissance par du Somaliland. Mais cet accord a mis le feu aux poudres dans la région et semble resté lettre morte depuis.

En face, il y a deux autres candidats : Faysal Ali Warabe du Parti de la justice sociale et surtout, Abdirahman Irro du parti Waddani, opposant historique lui a fait campagne sur la promesse de maintenir l’unité du Somaliland. Il accuse le président sortant d’avoir attisé les divisons claniques.

Dimanche, il a reçu un soutien de poids, celui du vice-président sortant. Il a aussi une revanche à prendre… en 2017, il avait contesté sa défaite pendant une semaine avant de la concéder, sans reconnaitre les résultats, mais avait-il dit à l’époque « pour maintenir l’unité et la paix » du Somaliland.

Selon Omar Mahmoud, chercheur à l’International Crisis Group, cette élection représente un test pour la stabilité démocratique du Somaliland, un argument clé dans sa quête de reconnaissance : « Chaque élection organisée au Somaliland est plus contestée que la précédente. Le climat est de plus en plus politisé […]. Jusqu’à présent, les politiciens au Somaliland ont plutôt mis de côté leurs ambitions personnelles pour un objectif commun, celui de l’indépendance du Somaliland. Mais on sent que cet impératif s’est affaibli avec le temps. C’est sans doute le plus grand test pour le Somaliland à ce jour et l’issue est très incertaine ».

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