Convocations tous azimuts : Un « Gatsa-Gatsa » judiciaire, contre-productif
Bougane, Cheikh Yérim Seck, Kader Dia, Dieguy Diop…. La liste commence à être longue. Le nouveau régime a manifestement mis le turbo quant à sa propension à faire taire certaines personnes estampillées hostiles. Hommes politiques, journalistes, chroniqueurs et lanceurs d’alerte en font les frais. C’est ainsi que des séries d’arrestations ont été opérées ces derniers temps ainsi que des convocations d’opposants.
Bougane Gueye Dany est entendu ce mercredi, le journaliste Cheikh Yérim Seck est en garde à vue et Dieguy Diop a aussi été convoquée. Ils constituent une dernière série d’une longue liste de personnes arrêtées comme le Commissaire Keïta, l’ancien Ministre Lat Diop, Bah Diakhaté sans oublier le chroniqueur Kader Bâ qui a des difficultés judiciaires. On sent ainsi que le régime est dans un « gatsa-gatsa » judiciaire avec ses détracteurs ou supposés tels en utilisant l’arme de la Justice. Pourtant, ils avaient toujours annoncé, urbi et orbi, qu’ils ne vont pas entrer dans un cycle de vengeance et de règlement de compte. Ce qui a aggravé la situation et les a poussés à se radicaliser, c’est la rupture du dialogue avec l’opposition et le retour des vieilles animosités. Car, en réalité, nous assistons au remake de ce qui s’est passé entre 2021 et 2023 avec la différence que ce sont les opposants qui sont au pouvoir et vice versa. Les bourreaux d’hier sont les victimes d’aujourd’hui. Or, une telle stratégie de défense par l’attaque est souvent perçue comme une panique au sommet. Pastef a peur de perdre les législatives. Ses dirigeants ont peur du regard des sénégalais par rapport à des promesses non-tenues, au retard dans l’exécution des politiques publiques. Les morts en mer, le chômage, le malaise avec les ambulants et la vie chère sonnent comme des alertes permanentes contre des leaders qui ont promis, beaucoup trop promis. Alors, ils allument des contre-feux, cherchent des boucs-émissaires et veulent se dédouaner. Mais, cette stratégie, en vogue depuis le régime libéral de Wade est contre-productive parce qu’elle fait se braquer les populations contre tout régime qui en abuse. La bataille est politique et doit rester dans le domaine de la communication. C’est au Pastef de s’organiser pour la riposte politique adéquate. En clair, la Justice ne doit pas servir d’instrument, de bras armé à quelque régime qu’il soit.
Sada Mbodj
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