Édito : Le regard de Biraam Dorcelus Cissé ! L’abstentionnisme sénégalais en matière électorale
Les comportements politiques reposent sur la socialisation politique et leur analyse renvoie à la question des formes de la participation politique des individus donne la capacité de faire une lecture politique poussée des candidats en lice avant de choisir. Il faut le dire, le temps des achats de conscience est révolu. La conception défèque inséminée dans la fonction présidentielle par l’électeur sénégalais justifie sa place de luxe dans le processus électoral lié au choix du Président. Il ressort de cette analyse que, plus s’élèvent la pratique de la religion, le niveau de revenu et de diplôme, plus la participation à la Présidentielle est forte. Par ailleurs, l’appartenance géographique joue un rôle, dans la mesure où on note une participation plus élevée dans les localités rurales (du fait de la présence d’élus de proximité relativement connus, d’«un contrôle social» plus serré et d’un sentiment diffus que l’exercice du droit de vote est un devoir civique) que dans les localités urbaines (marquées par le développement d’un vote utilitaire, d’un «vote à la carte» liés aux caractéristiques politiques du scrutin). Il est de loi d’airain que l’absence de participation électorale se traduit par deux types de comportement :
L’abstentionnisme et le défaut d’inscription sur les listes électorales
Le taux d’inscription sur les listes électorales est fonction de la plus ou moins grande intégration des individus à la collectivité nationale, confirmant la dimension identitaire du vote. Ainsi, ce taux augmente avec l’âge, avec le niveau de diplôme, avec l’existence d’une activité professionnelle et avec la pratique religieuse pour ne pas dire le radicalisme religieux (vote au commande)
L’Abstentionnisme
L’abstentionnisme se mesure à la proportion des individus inscrits sur les listes électorales mais qui ne participent pas au scrutin. Cette mesure est cependant problématique. Parmi les abstentionnistes, certains le sont involontairement (changement de domicile), d’autres sont recensés à tort (faux inscrits, erreurs d’inscription). A présent, procédons à une analyse politique de ce phénomène électoral.
- I) L’analyse politique de l’abstentionnisme
Plus forte que – la fréquence des consultations est forte, la notoriété des candidats est faible,les programmes politiques sont peu différenciés,le résultat de l’élection semble acquis, les électeurs sont peu convaincus de l’importance du scrutin (enjeu institutionnel et politique), déterminée en partie par les efforts de mobilisation des candidats et par la place que lui accordent les médias. Cela explique en partie une participation différenciée suivant les scrutins (élection présidentielle, élections municipales, élections législatives). On s’intéresse ici principalement aux causes proprement politiques de motivations des individus, parmi lesquelles, on peut relever : un sentiment d’‘hostilité à l’égard de l’élection ou plus généralement à l’égard du système politique ; – un sentiment d’indifférence qui, en réalité, oriente en grande partie les motivations des électeurs, bien plus que le sentiment d’hostilité. Il reste qu’un tel sentiment ne marque pas significativement la population des abstentionnistes, dans la mesure où une grande partie de l’électorat ne montre que peu d’intérêt envers la politique.
- II) L’analyse sociologique de l’abstentionnisme
Sur les tenants d’une approche sociologique de l’abstention, celle-ci s’explique moins par les sentiments d’hostilité ou d’indifférence des individus que par les sentiments d’incompétence ou du fait d’une faible intégration à la société. Ce type d’analyse insiste donc sur l’influence des diverses situations sociales (ex, appartenance socioprofessionnelle et géographique des individus comme facteur explicatif d’une faible abstention). Pour A. Lancelot, dans son étude publiée en 1968, l’abstentionnisme recule selon le degré d’intégration à un groupe intermédiaire (importance du cadre de vie, lieu de résidence stratifié socialement ou non ; lieu de travail, homogénéité sociale) et selon le niveau de la participation sociale (pratique religieuse, adhésion à plusieurs associations, adhésion syndicale). En définitive, l’abstention doit donc être considérée comme le produit d’une norme culturelle conditionnée par des facteurs sociaux, et non comme une attitude politique ou une attitude vis-à-vis de la politique.
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