Le salon de l’armement Eurosatory s’ouvre sur fond de boycott des entreprises israéliennes

Eurosatory, le salon international de défense et de sécurité terrestres, s’ouvre ce lundi 17 juin près de Paris dans un contexte de hausse mondiale des budgets militaires et de soutien à l’Ukraine. Conséquence pour Eurosatory : plus de deux mille exposants de 61 pays et 250 délégations officielles sont attendues au parc des expositions de Villepinte pour ce salon qui se tient tous les deux ans. Un absent cette année : Israël qui n’a pas été convié à participer au salon en raison de l’offensive menée à Gaza.

Cette année, Eurosatory fait le plein et même si les industriels Israéliens ne sont pas là, jamais un tel niveau de fréquentation n’a été atteint. La demande d’armement est énorme et encore une fois, c’est le théâtre ukrainien qui dicte la tendance, souligne Léo Péria-Péigné, spécialiste de l’armement à l’Ifri.

« Eurosatory en général est le plus gros salon du monde en termes de défense terrestre et, à chaque édition, vous avez une majeure qui se dégage de manière plus ou moins fine. Il y a deux ans, c’était très clairement l’artillerie portée. Vous aviez des obusiers partout parce que c’était ce qui était mis à l’image en Ukraine. L’artillerie, on voyait que c’était important », décrypte le spécialiste. « Ça va être encore, je pense, le cas aujourd’hui, mais cette année, je parierai sur l’importance des systèmes de défense anti-drones rapprochés, parce qu’on a vu son développement en Ukraine et aussi des systèmes de dissimulation comme Saab peut en produire dont des filets multispectraux qui permettent d’éviter d’avoir trop de rayonnements et d’être détectables avec une caméra thermique ou autre. »

Lors de la précédente édition en 2022, le président Emmanuel Macron avait appelé à passer en France à une économie de guerre. Deux ans plus tard, des doutes pointent sur la poursuite de ce chantier en cas d’alternance politique. L’objectif d’industrie de guerre n’a jamais été atteint et la poudre manque toujours pour accélérer la fabrication d’obus, rappelle Léo Péria-Peigné.

On a un réinvestissement relatif dans beaucoup de domaines qui permet de produire un peu plus, peu plus vite, même si on est quand même très loin de la notion d’économie de guerre qui a été lâchée il y a deux ans…

Parmi les 43 pavillons nationaux, ceux de l’Arabie saoudite, des Émirats et de l’Ukraine sont une première. À noter également le retour de la Chine après la pandémie, Pékin qui sera cette année bien représentée à Eurosatory, avec pas moins de 64 exposants.
Israël persona non grata
Toutes les entreprises israéliennes, en tout 74, sont interdites de séjour à Villepinte où se déroule ce salon international. Un boycott très mal reçu par Israël, relate notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.

Pour Avi Pazner, un ancien ambassadeur d’Israël à Paris, cela rappelle des périodes sombres de l’Histoire de France. « Après le statut des juifs, on a désormais un statut des Israéliens en France », affirme-t-il avec amertume. Un juriste fait lui remarquer que les Chinois qui massacrent les Ouïghours seront, eux, accueillis à bras ouverts au salon.

Colère également des responsables des industries militaires israéliennes. Pour moins que cela, affirme un de leurs représentants, l’ambassadeur israélien aurait dû être rappelé.

Le ministre israélien de la Défense a créé la surprise avec une réaction particulièrement musclée. La France a adopté des politiques hostiles à l’égard d’Israël, a proclamé Yoav Gallant rejetant toute coopération de la France dans les efforts pour éviter un embrasement du conflit entre Israël et le Liban. Des propos qualifiés ensuite d’incorrects et d’inappropriés par la diplomatie israélienne dans un souci de calmer le jeu.

Pour un commentateur, les répercussions de ce boycott sont plus graves que ne l’aurait été la reconnaissance de l’État palestinien par la France.

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