Dans l’univers de Matadi : Quand le rap devient sagesse de rue…

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Si le rap est né des vicissitudes de l’urbanité, votre invité people du jour en inspire son originalité. Rappeur à l’intellect organique, Matadi, pour ne pas le nommer, est ce philosophe de la banlieue qui assume son « immaturité pour explorer les profondeurs de l’âme humaine, comme Socrates, le Grec, résumait son savoir à son ignorance. Éclectique, diront les esprits libres, n’en déplaise aux abscons. Toujours est-il que cet enfant de la belle Guédiawaye a de qui tenir, si l’on sait que Fou malade et Ngaaka Blindé sont ses maîtres à rapper. Pour découvrir ce rap décomplexé, Matadi est un must de la nouvelle génération d’artistes galsen. 

Bonne écoute…  

Que dire de Matadi ?

Je me nomme Dame Diop, je suis plus connu sous le pseudonyme de Matadi en tant que rappeur sénégalais. Je suis né le 21 décembre 1995 à Guédiawaye, j’ai grandi au sein d’une famille modeste, entouré de six frères et d’une sœur. Mon parcours scolaire a débuté à l’école primaire  École 16  de Guédiawaye, puis s’est poursuivi à l’école privée Karl Jasper. Mes origines à la fois simples et authentiques, ont profondément façonné ma personnalité et mon art. Aujourd’hui, Matadi n’est pas seulement un nom de scène, c’est le reflet d’un parcours marqué par la détermination, la passion pour le rap et l’envie constante de s’améliorer.

Quelle est votre histoire avec la musique, le rap notamment ?

Le rap a toujours été une passion pour moi depuis mon plus jeune âge. Mes premiers pas se sont fait avec un groupe que j’ai formé avec des amis qui partageaient la même passion : Boom De Gazza. Par la suite, mon envie d’évoluer m’a poussé à aller plus loin, à créer un collectif plus large : Mbaarikallah, avec 8 artistes solo. C’est vraiment à travers ces expériences que ma relation avec la musique s’est consolidée.

Vous avez grandi à Guédiawaye. Comment ce quartier a-t-il influencé votre musique et votre vision artistique ?

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Guédiawaye, c’est mon cœur, l’essence même de mon être ! C’est là où j’ai puisé mon inspiration, ma force et mon identité artistique. C’est un quartier vibrant, créatif, qui m’a inculqué l’importance de l’authenticité et de la fidélité à mes racines. Il m’a aussi permis de rêver plus grand, en observant des leaders comme Fou Malade ou Ngaaka Blindé.

Votre nom de scène « Matadi » a une signification particulière pour une personne immature qui cherche à s’améliorer. Comment cette philosophie se reflète-t-elle dans votre évolution artistique ?

Ce nom incarne à la fois une introspection et une motivation. En me qualifiant moi-même d’« immature » par autodérision, je reconnais mes imperfections, mais surtout mon envie de progresser. Cette philosophie, je la porte dans chaque texte, chaque projet. Je me remets constamment en question, et c’est ce qui me permet d’évoluer artistiquement. Matadi, c’est l’histoire d’un homme en apprentissage perpétuel, qui malgré les obstacles avance toujours avec l’envie de devenir meilleur.

Comment le concours FLOW UP avec Ngaaka Blindé en 2013 a-t-il transformé votre carrière ?

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Ma participation au FLOW UP aux côtés de Ngaaka Blindé m’a permis d’accélérer mon développement artistique et de me faire une place dans le milieu du rap. Cette opportunité m’a ouvert pas mal de portes vers des collaborations, notamment ma participation à l’album « Xel Dou Doy »en 2014.

D’ailleurs vous avez formé un duo de scène avec Ngaaka Blindé avant de sortir « TERRAIN REBEUSS » ensemble. Comment décririez-vous votre relation artistique avec lui ?

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Ma relation artistique avec Ngaaka Blindé n’est pas qu’une simple collaboration professionnelle, nous avons une vraie alchimie artistique. Nous partageons une vision commune et une énergie complémentaire, tant sur scène que durant nos sessions studios. Notre titre « Terrain Rebeuss »  en est un bel exemple, Il y a entre nous une dynamique qui nous incite constamment à donner le meilleur de nous-même.

 

Parmi vos nombreuses collaborations (King KHEUSH, Julio Bang, Omzo Beats…), laquelle vous a le plus marqué et pourquoi ?

 

Mes diverses collaborations ont  chacune leur particularité, néanmoins « DOMODA » avec les artistes de KBC m’a particulièrement marqué. Cette expérience a constitué un tournant décisif pour ma notoriété et s’est révélée être un vrai moment de cohésion artistique. De plus, ce morceau à renforcer mon lien avec le public sénégalais.

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« SAKOU SOBLEE » est l’un de vos morceaux les plus écoutés. Qu’est-ce qui explique selon vous le succès particulier de ce titre ?

 

Le succès de « SAKOU SOBLEE » découle de sa sincérité, son authenticité. Il parle aux gens, à leur vécu, à leur quotidien. C’est un morceau dans lequel chacun peut se reconnaître. Il combine des sonorités accrocheuses et un message fort, ce qui, je pense, explique son succès.

 

Comment décririez-vous votre style musical et ce qui le différencie dans la scène rap sénégalaise ?

 

Mon style se caractérise par un mélange de profondeur et d’énergie. J’aime particulièrement les textes narratifs, qui interpellent et qui incitent au mouvement. Ce qui me différencie, c’est ma capacité à fusionner la sincérité de mes expériences personnelles avec des beats modernes, le tout en gardant une identité bien de chez nous.

 

Parlez-nous de votre projet récent « Zéro Complexe», quelle était votre vision pour ce projet et pourquoi le décrire comme « plein de couleurs » ?

 

«  Zéro complexe », c’est un projet dans lequel j’ai pu m’exprimer avec une totale liberté, sans barrière et appréhension d’être jugé. Je l’ai voulu « plein de couleurs » parce qu’il incarne plusieurs styles, émotions et ambiances. Une manière pour moi de dire qu’il est possible d’être « multiple » tout en préservant son authenticité.

 

En tant qu’artiste originaire de Guédiawaye, quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes de votre quartier ?

Le message que je souhaite leur transmettre : rien n’est impossible. Il faut juste croire en ses rêves, même lorsqu’elles semblent inaccessibles. Mon parcours débutant sans rien en témoigne ! Guédiawaye regorge de nombreux talents et j’aspire à incarner, démontrant l’effort constant, l’humilité et la persévérance finissent toujours par porter leurs fruits.

 

Quelles sont vos ambitions artistiques pour les prochaines années ?

 

Mon ambition est d’étendre mon influence, d’atteindre un public plus diversifié, tout en collaborant avec des artistes de renommée internationale. Cependant je tiens à préserver mon identité artistique. Je souhaite également me consacrer à la production, faire émerger de nouveaux talents. L’objectif, c’est de continuer à évoluer, sans jamais perdre ma flamme.

source: Rewmi

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