Élection présidentielle 2024 : Quand la cloche « annonce » le temps du changement… !
On dit très souvent que l’élection présidentielle est la rencontre d’un homme avec son peuple. Cette assertion est certes vraie mais je pense très sincèrement que ce n’est pas suffisant dans la mesure où les notions d’opportunités et surtout de circonstances me semblent beaucoup plus primordiales de nos jours pour remporter une élection quel qu’en soit l’endroit dans le monde. En effet, aux USA, Barack Obama a remporté l’élection présidentielle en se présentant au moment opportun (fin des 2 mandats de Georges W Bush et primaire gagnée face à Hilary Clinton). Son successeur Donald Trump s’est également présenté après la fin des 2 mandats de Barack Obama. En France, Nicolas Sarkozy est élu président de la République en 2007 en battant une femme Ségolène Royale, l’ex compagne de son successeur François Hollande. Hollande lui-même gagnera 5 ans plus tard au deuxième tour mais il a pu bénéficier de l’absence aux primaires socialistes de Dominique Strauss-Kahn, pourtant archi-favori à l’époque avant son histoire avec Nafissatou Diallo, la femme de chambre de l’hôtel Sofitel à New York. Toujours, en France, Emmanuel Macron avec son mouvement « En Marche » a réussi à se faufiler au second tour de l’élection présidentielle de 2017 suite au renoncement de François Hollande de ne pas se présenter à un second mandat mais surtout à la déliquescence des partis politiques traditionnels tels que le PS (la Gauche), l’UMP (la Droite) et dans une moindre mesure le Modem de François Bayrou (le Centre), affrontant de surcroît le Rassemblement National de Marine Le Pen (l’Extrême Droite). Emmanuel Macron réitéra encore une fois cet exploit au second tour en 2022 grâce au sursaut républicain qui a toujours barré la route à la famille Le Pen. Emmanuel Macron finissant son second quinquennat en 2027, il faudrait faire très attention au jeune Jordan Bardella, promu président du Rassemblement National : sera-t-il candidat à la place de Marine Le Pen qui semble avoir atteint la limite du seuil d’incompétence selon le principe de Peter ?Au Sénégal, la date du scrutin initialement prévue le 25 février 2024 et reportée pour des raisons fallacieuses à 10 h du début de la campagne électorale par le président sortant Macky Sall, adepte des sondages ésotériques, qui par ailleurs, a déjà épuisé ses deux cartouches (article 27 de la constitution : « Nul ne peut exercer plus de 2 mandats consécutifs »); une nouvelle date ayant été fixée pour le dimanche 24 mars 2024 avec la confirmation des 19 candidats retenus auparavant par le Conseil Constitutionnel. Ils étaient plus de 260 à récupérer les fiches de parrainages, ensuite 91 à déposer leurs dossiers au Conseil Constitutionnel et finalement 20 puis 19 candidats retenus, suite au désistement de Rose Wardini pour une « affaire de double nationalité ». Cette pluralité des candidatures n’est que l’arbre qui cache la forêt de l’état actuel de notre démocratie dans la mesure où tout un chacun voudrait succéder à Macky Sall, désacralisant ainsi le poste de « Président de la République ».Après quelques jours de campagne électorale, toutes les circonstances semblent favorables au camp de l’opposition dirigée par Ousmane Sonko, qui en fin stratège sentant que le camp du pouvoir faisait tout pour l’éliminer depuis 2021 avec des dossiers montés de toute pièce, a encore une fois fait preuve de don de soi, en choisissant Bassirou Diomaye Faye comme plan B pour porter le projet PASTEF, sans oublier Cheikh Tidiane Dieye et Habib Sy. Ainsi, la coalition Diomaye Président se dirige ainsi vers une victoire certaine dans cette élection, victoire qui pourrait s’expliquer par certains faisceaux d’indices présentés ci-dessous :- Idrissa Seck, le seul rescapé des élections présidentielles précédentes (2007, 2012 et 2019) est en perte de vitesse, pour ne pas dire, est « mort politiquement parlant », du fait de ses entrées et sorties, de ses va-et-vient entre pouvoir et opposition, ne pourrait pas se classer deuxième de cette élection 2024 (ALHAMDOULILAH) car à chaque fois que l’ex-actionnaire majoritaire du PDS et leader de Rewmi arrive deuxième, le pouvoir gagne l’élection présidentielle au premier tour (Abdoulaye Wade en 2007 et Macky Sall en 2019) et à contrario, si Idrissa Seck ne parvient pas à être sur le podium, le parti ou la coalition au pouvoir perd l’élection présidentielle. C’était le cas en 2012 avec la « deuxième alternance ». De bon augure pour la « troisième et vraie alternance » : time and only time will tell us !!!- Amadou Ba : Oh le pauvre mais richissime candidat officiel de la coalition BBY, est une personnalité politique assez clivante, du fait que l’on aime Amadou ou pas, même dans sa propre famille politique, ses ennemis ne s’en cachent pas, qui plus est, ceux sont ses propres collaborateurs ministres, conseillers à la présidence, dames de compagnies du palais qui n’hésitent pas à le vouer aux gémonies dès que l’occasion se présente à eux malgré qu’il ait été démis, il y a quelques jours de ses fonctions de Premier ministre. Son attitude à (se) courber trop l’échine devant le président, en dit long sur le caractère du PM, son tempérament d’homme calme mais cela ne devrait en aucun cas l’empêcher de montrer de temps à autres des signes d’autorité car le monde politique n’est pas celui des bisounours, des gentils : il faut savoir encaisser des coups et surtout en rendre. Le conseil que je pourrais lui donner, serait de s’affirmer un peu plus s’il veut exister dans cette campagne, au risque de taper si nécessaire sur la table du président afin de mieux se faire respecter mais également exiger que le président siffle la fin de la récréation pour le soutenir et l’accompagner au mieux dans cette campagne. Du côté de l’opinion publique et surtout de l’opposition radicale, il est perçu comme « un parmi les nombreux fonctionnaires milliardaires » d’un pays qui fait partie des 25 pays les plus pauvres au monde selon l’Indice de Développement Humain (IDH) et pourtant nos terres sont très riches en ressources halieutiques, minières, pétrolières et gazières. Quel paradoxe ! Mais enfin, Amadou Ba symbolise le système tant décrié pour avoir cheminé avec tous les régimes politiques du Sénégal, des socialistes sous Abdou Diouf aux libéraux sous Abdoulaye Wade et militant de la 25e heure de BBY du président sortant Macky Sall. Les observateurs avertis lui prédisent même le pire, c’est-à-dire, ne pas se qualifier au second tour de cette élection, si toutefois, il y aurait un second tour.- Les candidats outsiders : personne ne pourrait dépasser la barre des 10% de l’électorat sauf peut-être Mohamed Boune Abdallah Dionne, l’ancien premier ministre s’il s’avère être le candidat en catimini de Macky Sall, en tout cas, il se murmure que Boune a eu le « go » du président, raison pour laquelle, il s’est présenté malgré le fait qu’il n’ait pas été désigné par la coalition BBY. Qu’en est-il de Khalifa Ababacar Sall ? L’ancien maire de la capitale Dakar qui participe pour la première fois (et peut être pour la dernière fois) à une élection présidentielle car il en avait été exclu en 2019 pour les raisons que nul n’ignore même si …S’il suscite un peu l’espoir, son principal problème reste à mon avis, un de ses plus proches collaborateurs, en la personne de Barthélemy Diaz avec son comportement belliqueux qu’il traîne comme un boulet. Les ex-alliés d’Ousmane Sonko au sein de Yewi Askaan Wi, iront-ils soutenir la coalition Diomaye Président en cas de deuxième tour du scrutin présidentiel ? En tout cas, c’est ce qui était prévu dans leur charte !!!- La plupart des autres candidats ne dépasseront pas le seuil des 5%, nécessaire pour le remboursement de la caution qui est fixée cette année à 30 millions de francs CFA (environ 50 000 euros). Il y aura même au moins une bonne dizaine de candidats qui ne dépasseront pas le 1 %, c’est à se demander comment certains ont réussi à passer le cap des parrainages fixé entre 44 231 à 58 975 signatures d’électeurs régulièrement inscrits sur la liste électorale.- Et enfin, Bassirou Diomaye Faye (Bassirou mooy Sonko) : cette candidature de substitution de Bassirou ne devrait pas avoir lieu si durant les 3 dernières années, l’état de droit avait été bien respecté au Sénégal car Ousmane Sonko, le leader charismatique et incontesté de l’opposition, la locomotive du train du changement, l’absent le plus présent (au moment cette contribution est faite, il se trouve en prison, de même que Bassirou Diomaye), a vu son image et son honorabilité traînées dans la boue par les différents dossiers le concernant dont les plus caustiques, ont été ceux l’opposant à la masseuse Adji Sarr dans l’affaire « Sweet Beauty » mais aussi l’affaire Mame Mbaye Niang pour diffamation. De l’histoire judiciaire du Sénégal et même ailleurs dans le monde, on n’a jamais vu une accélération des procédures afin de vider au plus vite les dossiers pour une condamnation définitive, qui devrait à priori, le rendre inéligible pour l’élection présidentielle. Son altruisme envers ses camarades de partis et de coalition, contrairement à Karim Wade et Khalifa Sall en 2019, ainsi que son esprit combatif ont permis d’avoir, non pas une mais trois candidatures pour leur coalition. Aujourd’hui, force est de constater que cette coalition avec leur capacité de mobilisation et d’innovations, demeure la première force politique au Sénégal, raison pour laquelle, ils sont diabolisés, ostracisés, leurs militants tués lors de manifestations, des leaders et des militants affichant leur appartenance ou leur sympathie à ce parti PASTEF, qui a été par ailleurs dissout par décret présidentiel par Macky Sall himself, ont été emprisonnés sans aucune forme de procès. Aussi, le fait que Macky Sall ait introduit un projet de loi d’amnistie pour la période des 3 dernières années, est selon moi un aveu d’échec mais également une façon d’absoudre son clan. En tout cas si Ousmane Sonko et Diomaye Faye sortent de prison d’ici la fin de la campagne électorale et qu’ils battent ensemble campagne avec les autres qui sont déjà sur le terrain, cet engouement et cette déferlante de marée humaine risquent de provoquer une Bérézina dans le camp de BBY et même au-delà du système tout entier qui pourrait s’effondrer afin de donner de nouvelles perspectives, de nouvelles visions et façons de faire la politique au Sénégal.
Par Abdoulaye François Sokhna, Citoyen Sénégalais qui réside en France
Paris, le 13 / 03 / 2024
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