« Le Ramadan est une école pour le croyant», a-t-on l’habitude d’entendre. Une pause spirituelle où on se ressource pour le reste de l’année et pour stimuler notre ardeur pour le reste de notre vie.
Le Ramadan doit être un moment d’éducation de l’âme à l’élévation spirituelle. Ce mois est une école du changement. Un mois pendant lequel, l’on change les œuvres, la façon de vivre, les coutumes, les comportements qui vont à l’encontre des lois d’Allah.
Si le Ramadan qui n’est qu’un intervalle de temps qui s’est écoulé, nous permet de renouer avec les pratiques, l’après jeûne nous invite à faire un bilan des dites pratiques afin d’en tirer une meilleure conduite pour la préservation de notre foi.
Les jours de Ramadan nous apprennent à nourrir le cœur et à le rendre pur à travers la lecture du Coran, le rappel, la méditation, l’accomplissement des bonnes œuvres, etc.
Et remarquez que les arbres ne continuent à vivre qu’en étant irrigués, sinon ils sont condamnés à se dessécher. Il en est ainsi pour l’arbre de la foi et du bon comportement qu’on a planté dans le cœur pendant le Ramadan.
Cet arbre renoue avec sa source de vie à travers l’accomplissement des actes d’adoration.
Cette période de notre vie coïncidant avec le ramadan et le carême chrétien, -signe loin d’être fortuit-, appelle à la cohésion sociale et au dialogue interconfessionnel, tout en ayant la particularité d’abriter cette campagne électorale tant attendue qui consacrera le renouveau démocratique de nos institutions.
« Fait social total « , pour reprendre la formule célèbre de Marcel Mauss, le ramadan comporte aussi une dimension politique.
Et cette dimension se trouve aujourd’hui renforcée par un certain nombre de facteurs. D’abord, l’évolution démographique ; l’urbanisation rapide qui aboutit à donner plus de densité dans la ville à une pratique collective comme le ramadan.
Le développement des médias, et notamment des réseaux sociaux, y contribue aussi, en permettant une plus large diffusion des «discours » de ramadan. Avec la montée du fondamentalisme, la sacralité du mois du jeûne est devenue l’objet d’une véritable surenchère : pour ne pas l’abandonner aux islamistes, certains régimes ont eu tendance à encourager les pratiques du ramadan, à « mettre en scène l’islamité ».
Dans la réalité confessionnelle, les pratiques du ramadan sont, pour les croyants, un moyen comme un autre d’afficher leur identité, de faire valoir leur différence…
Le ramadan agit comme un révélateur de l’état social. Il en dévoile la « face cachée » en mettant au jour les tensions, les clivages, les diversités, les inégalités, mais aussi les champs de force et les dynamiques. De ce point de vue, il constitue à coup sûr un moment privilégié d’observation de la société à majorité musulmane et un fait politique éminent…
Il est à croire que la campagne qui va s’inviter dans les prêches, les mosquées et les églises sera marquée du sceau du halal, œuvres pieuses et actions de grâce. Tous les moyens sont bons pour marquer sa présence dans l’espace public, pourvu que la politique qui occupe le devant de la scène n’oublie pas de rester dans le religieusement correct !
Et, en espérant que la semence arrivera pleinement à maturité, ne nous privons pas de souhaiter bon Ramadan et bon carême à ceux qui l’observent et à ceux qui les observent, à ceux qui battent campagne et ceux qui les suivent de loin…
Puisse Dieu bénir la nation sénégalaise et nous soutenir à sauvegarder les acquis du jeûne et à tirer le meilleur parti de ces joutes électorales…
Ramadan Moubarak à toutes et à tous!
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