Le président Alassane Ouattara a gracié ce jeudi 22 février 51 personnalités condamnées pour des crimes de sang durant les crises qui ont secoué le pays. Cette grâce survient dans un contexte de cohésion nationale, suite au sacre des Éléphants à la 34e Coupe d’Afrique des Nations.
C’est dans une déclaration solennelle, prononcée jeudi soir à l’issue d’un Conseil national de sécurité, que Fidèle Sarassoro, le secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité, a dressé un bilan positif du dispositif de la CAN. Le président ivoirien exhorte son équipe à poursuivre « l’esprit de cohésion », a-t-il dit. Sur cette lancée, le chef de l’État a gracié 51 personnalités condamnées lors des crises qui ont secoué le pays.
« Le président de la République, conformément à son engagement d’oeuvrer résolument à la consolidation de la paix dans notre pays a informé le Conseil national de sécurité de sa décision d’accorder la grâce présidentielle à des personnes civiles et militaires condamnées pour des infractions commises lors des crises post-électorales et pour atteinte à la sûreté de l’État. Parmi ces personnes figurent notamment M. Dogbo Blé Bruno, M. Gnatoa Katet Paulin, M. Katé Kouamé Jean-Baptiste et M. Kamagaté Souleymane », a listé Fidèle Sarassoro.
À ceux-là, s’ajoutent six personnalités qui devraient bénéficier d’une remise en liberté provisoire.
Le secrétaire exécutif du CNS a enfin annoncé qu’un mémorial en hommage « aux graves crises qu’a connues le pays » sera bientôt érigé. Mercredi, le Premier ministre a reçu les associations des victimes pour leur exprimer sa « compassion » et les « exhorter au pardon ». Réagissant à ces grâces, le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), continue de demander des réparations. « On ne peut pas passer tout ce que ces victimes-là ont subi par pertes et profits. C’est vrai que ce sont des mesures qui vont dans le sens de la réconciliation, dans le sens de l’apaisement. Mais il ne faut pas oublier les victimes », estime Bamba Drissa, le président du MIDH.
Décrispation
Cette grâce présidentielle est un signe de rassemblement adressé à la classe politique. C’est aussi un signe de décrispation envers deux opposants présentés comme étant les plus fermes vis-à-vis du président. Car sur le papier, cette grâce concerne essentiellement des personnalités qui ont participé à la désobéissance civile en 2020. Y figurent aussi des soutiens importants de l’ancien président Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro.
Depuis son retour en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo avait fait de la libération des prisonniers civils et militaires un point de discussion. Or, l’essentiel des personnalités recensées par le PPA-CI a été graciée. C’est une étape importante qui permet désormais de relancer un dialogue politique, estime Jean Gervais Tcheïdé, le secrétaire général du parti, porte-parole adjoint du PPA-CI : « Si aujourd’hui, après deux ans et quelques mois de plaidoiries, on est entendu, et nous ne pouvons que saluer la libération du général Dogbo Blé et de tous les autres. Maintenant, le processus de réconciliation nationale est d’abord l’initiative du gouvernement et nous sommes disposés depuis toujours à discuter pour solder tous les contentieux de la crise post-électorale. On attend que nous nous retrouvions pour aller à des élections apaisées en 2025. »
Reste maintenant plusieurs questions en suspens à résoudre d’ici la présidentielle de 2025 : la réintégration de Laurent Gbagbo sur la liste électorale, le statut de Guillaume Soro, actuellement en exil dans la sous-région, et de manière plus large, la question de la liste électorale, décriée par l’opposition lors des municipales.
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