Elections législatives : RSF appelle aux futurs députés à voter « des lois historiques pour restaurer la liberté de la presse au Sénégal »
À l’approche des élections législatives prévues pour le 17 novembre prochain, Reporters Sans Frontières (RSF) a saisi l’occasion pour interpeller les futurs parlementaires sur les conditions de vie et de travail des journalistes sénégalais. Parmi les principaux griefs soulevés par l’organisation figurent la convocation des journalistes, les difficultés économiques persistantes et l’absence de dialogue entre les autorités et les médias.
RSF a également appelé les futurs élus à s’engager en faveur de quatre réformes prioritaires :
- Suppression des peines privatives de liberté pour les infractions de presse : Le Code de la presse, voté en 2017, prévoit des peines de prison sévères pour certaines infractions liées à la presse. RSF estime qu’il est temps de les supprimer et de garantir qu’aucun journaliste ne soit emprisonné pour avoir exercé son métier.
- Criminalisation du cyberharcèlement visant les journalistes : Les attaques en ligne ciblant délibérément des journalistes portent atteinte non seulement aux droits individuels des personnes visées, mais aussi au droit des citoyens sénégalais à l’information. RSF propose la mise en place d’une commission parlementaire transpartisane chargée de réfléchir à la pénalisation de certaines formes de cyberharcèlement, avec une aggravation de la peine en cas de ciblage de journalistes.
- Facilitation de l’accès à l’information d’intérêt général : RSF insiste sur l’urgence de l’adoption et de la promulgation de la loi sur l’accès à l’information d’intérêt public, afin de permettre aux journalistes sénégalais de remplir leur mission d’information dans de bonnes conditions.
- Amélioration de la transparence des médias et de leur financement : Il est nécessaire d’introduire des règles plus strictes concernant la transparence des médias, notamment pour ceux qui diffusent des informations générales. RSF propose également d’interdire aux personnalités exerçant des responsabilités publiques de premier plan (ministres, députés, hauts fonctionnaires, etc.) d’être actionnaires majoritaires d’un média.
Pour Sadibou Marone, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, il est crucial de restaurer une liberté de la presse pleine et entière au Sénégal. Il déclare : « Trop de journalistes ont été emprisonnés sur des bases fallacieuses, agressés dans l’exercice de leurs fonctions ou cyberharcelés en raison de leurs publications ou de leurs opinions. Les difficultés économiques des médias, ainsi que les liens de certains d’entre eux avec des personnalités politiques, ne favorisent pas l’émergence d’un écosystème sain. Il est urgent que les parlementaires prennent toutes les mesures nécessaires pour garantir à la population un véritable droit à l’information. »
RSF appelle ainsi les députés à procéder, dès leur entrée en fonction, à l’adoption de ces quatre réformes prioritaires, en particulier la suppression des peines privatives de liberté pour les infractions de presse et l’adoption de la loi sur l’accès à l’information d’intérêt public.
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