Aide humanitaire: 2024, année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les travailleurs humanitaire

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Alors que la communauté humanitaire est toujours sous le choc de la découverte, dimanche, des corps de 15 secouristes tués par l’armée israélienne à Gaza, deux hauts responsables de l’ONU dénoncent l’augmentation sans précédent des attaques meurtrières contre le personnel humanitaire.

« Se faire tirer dessus ne fait pas – je répète, NE FAIT PAS – partie de notre travail », a scandé la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence des Nations Unies, Joyce Msuya, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la protection des agents humanitaire et du personnel de l’ONU.

Un rappel opportun, compte-tenu des tendances statistiques actuelles. L’an dernier, en effet, pas moins de 377 travailleurs humanitaires ont trouvé la mort dans 20 pays à travers le monde, faisant de l’année 2024 la plus meurtrière jamais enregistrée pour cette catégorie professionnelle. Cela représente une hausse de près de 100 décès comparé à 2023, qui avait déjà enregistré une forte augmentation par rapport à 2022.  « Ces deux dernières années ont été particulièrement brutales », a reconnu Mme Msuya.

Gaza, zone de tous les dangers

La réunion du Conseil avait lieu trois jours seulement après la découverte, dans les environs de Rafah, au sud de Gaza, des corps ensevelis de 15 secouristes du Croissant-Rouge palestinien, de la défense civile de Gaza et de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Ces derniers avaient été abattus par l’armée israélienne, le 23 mars, alors qu’il tentaient de porter secours à des blessés dans la zone.

Leurs véhicules, pourtant clairement identifiés, ont été retrouvés détruits, non loin de la fosse commune dans laquelle une équipe de l’ONU a déterré leur corps. Une vidéo filmée au moment de l’incident et par la suite diffusée par l’organisation montre des civils se faire tirer dessus alors qu’ils tentaient de fuir la zone. « Nous exigeons des réponses et appelons à la justice », a déclaré Mme Msuya aux membres du Conseil.

Cette tragédie est loin d’être un incident isolé. Moins de deux semaines auparavant, un membre du personnel des Nations Unies avait été tué et six autres blessés dans l’enclave palestinienne, où plus de 408 travailleurs humanitaires ont trouvé la mort depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, 7 octobre 2023. Au point que Gaza est devenu, selon Mme Msuya, l’endroit le plus dangereux au monde pour les humanitaires.

Le personnel local pris pour cible

Le Soudan n’est pas non plus en reste. Depuis le début de la guerre civile dans le pays, en avril 2023, au moins 84 travailleurs humanitaires y ont trouvé la mort dans des attaques. Dans 95 % des cas, les victimes sont des travailleurs locaux, dont Mme Msuya a rappelé qu’ils étaient la pierre angulaire des opérations de secours. « Sans eux, les interventions humanitaires s’effondreraient », a-t-elle insisté.

Ces derniers s’emploient à sauver des vies humaines, alors qu’ils traversent eux-même de graves difficultés, allant du déplacement de leurs propres familles à la perte d’êtres chers, en passant par l’incapacité à nourrir correctement leurs enfants.

Or, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a rapporté que le meurtre d’un travailleur humanitaire local est 500 fois moins médiatisé que celui d’un membre du personnel international.

Criminalisation et désinformation

Outre les attaques meurtrières dont ils font l’objet, les agents humanitaires sont confrontés à une volonté croissante de la part des autorités locales de criminaliser leurs activités. « De plus en plus d’entre eux sont détenus, interrogés et accusés de soutenir le terrorisme, simplement parce qu’ils ont apporté de l’aide aux personnes dans le besoin », a déploré la Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence.

Ces entraves s’accompagnent souvent de campagnes de désinformation visant la communauté humanitaire, comme c’est le cas à l’heure actuelle en Haïti, dans les territoires palestiniens occupés ou au Yémen.  Les exemples ne manquent pas, en effet. En République démocratique du Congo, la crédibilité de l’ONU a été minée par la circulation de fausses rumeurs à son encontre, au point que les relations de l’organisation avec les communautés locales sont désormais compliquées.

Au Soudan, depuis avril 2023, des accusations sans fondement de partialité ont conduit à des attaques de travailleurs humanitaires à divers points de contrôle, ainsi que dans la capitale Khartoum.

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