Congrès de l’Aaea au Kampala : L’exposée de Maguette Niang, Directeur Général de Sen’eau (Sénégal)

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-le modèle contractuel pour la gestion de l’eau potable au Sénégal, le rôle de chacun des acteurs et des engagements…

« Je dois d’abord dire que l’avènement de SEN’EAU est consécutif à ce qui est appelé par les acteurs du secteur au Sénégal : la réforme de seconde génération à partir du 1er janvier 2020. Ladite réforme est née après le diagnostic du secteur et de son schéma d’organisation pour plus d’efficience et d’efficacité notamment dans la production, la distribution mais également au niveau des finances. C’est ainsi qu’il a été créé au milieu des années 90 deux entités à savoir : une société publique de patrimoine, la SONES chargée de la gestion du patrimoine (mise en valeur et service de la dette), du plan directeur, de la programmation des investissements, de la recherche de financement, des travaux de rénovation et d’extension des infrastructures de même que de la sensibilisation du public. Elle a aussi en charge le contrôle de la qualité de l’exploitation sur tout le périmètre urbain et périurbain. Quant à la société affermante en l’occurrence SEN’EAU qui a démarré ses activités le 1er janvier 2020, elle a en charge l’exploitation, l’entretien du patrimoine mis à sa disposition. Elle s’occupe également du renouvellement du matériel d’exploitation, des branchements et des compteurs, du renouvellement et de l’extension de réseaux (équivalent-kilomètres équivalent à 60 km). SEN’EAU gère aussi l’extension des réseaux financés par les tiers, de l’étude et de la justification de la nécessité de travaux de rénovation de l’infrastructure de facturation de même que l’encaissement des clients enfin de la communication et des relations avec la clientèle. L’Etat pour sa part définit la politique sectorielle, assure la gestion des ressources en eau, élabore le cadre législatif et réglementaire et détient la responsabilité de l’approbation du système de tarification et du prix de l’eau.

Ce schéma est intéressant avec SEN’EAU qui est une entreprise privée de droit sénégalais opérant dans tous les centres urbains et péri urbains sur l’ensemble du territoire national dans le cadre d’un contrat d’affermage tripartite signé avec la société de patrimoine SONES, le ministère de l’Eau et de l’Assainissement (appellation au moment de la signature du contrat le 30 décembre 2019) et le Groupe SUEZ.

Son actionnariat est quadripartite :

– SUEZ (partenaire technique) : 45% ;

– Salariés du secteur : 11% (dont 8% pour les collaborateurs de SEN’EAU) ;

– Etat du Sénégal (via FONSIS) : 24% ;

– Partenaires du secteur privé : 24%.

Il faut noter que la participation sénégalaise sera toujours de 55% alors que le partenaire technique de référence, le groupe SUEZ, restera actionnaire minoritaire, à hauteur de 45%.

 

  1. Quelles sont les principales réalisations de SEN’EAU au bout de ces 5 années de contrat depuis son démarrage en 2020 ?
  • En cinq ans d’exercice nous sommes fiers noter parmi les grandes réalisations de SEN’EAU, d’avoir réglé le problème de la distribution, la disponibilité de l’eau dans tous les périmètres, et notamment à Dakar où 98 % des habitants sont alimentés 24 h/24 grâce à un taux de disponibilité des ouvrages hydrauliques de 99 %. Dans la capitale, il y avait plus de 300 quartiers qui connaissaient des manques d’eau, aujourd’hui, il y’en a moins de 5. Cela a été rendu possible depuis la mise en service par la SONES de la troisième usine d’eau potable de Keur Momar Sarr (KMS3) en 2021.
  • Grâce au savoir-faire des collaborateurs de SEN’EAU, à la transformation en cours de nos métiers et de nos équipements avec l’apport de notre partenaire technique SUEZ, leader mondial dans ce domaine, combinés à l’augmentation de la production et à une meilleure maîtrise de la production et de la distribution en plus du renouvellement constant du réseau nous avons aussi la maîtrise des flux avec la modélisation qui nous permet un pilotage contrôlé de notre système. À ce jour, 98 % des Dakarois sont alimentés 24h/24 grâce à un taux de disponibilité des ouvrages hydrauliques de 99 %.

 

  1. Quelles innovations technologiques de SUEZ avez-vous mis en place et quelles autres innovations comptez-vous utiliser ?

Grâce à une politique d’innovation notamment technologique dans le cadre de la transformation des métiers et process, nous pouvons dire que nous avons de passer un cap. En cinq ans, nous avons plus de maîtrise dans la distribution et dans la production avec notre outil Visio 360° qui nous offre un large spectre d’aide à la décision dans le pilotage des flux et la surveillance du réseau. Nous avons aussi mis en place l’électro coloration qui nous rend autonome dans l’utilisation du chlore gazeux que nous avons commencé à remplacer par du sel produit au niveau local pour la désinfection et notre principal site de production, KMS 1, 2 & 3 utilise les polymères comme intrants. Pour nos clients, en plus d’une nouvelle facture plus simple, plus didactique et plus informative, nous avons mis en place le logiciel AARSEN EAU. Nos agents clientèle utilisent des tablettes pour une meilleure fiabilisation de la relève de même que nos Agents d’Intervention Réseau pour les métrés. Avec G-ORDON, nous avons fait le maillage du périmètre affermé pour l’ordonnancement de nos interventions à partir du Centre de Hann, notre siège.

  1. D’un point de vue Développement durable, quelle est votre contribution sur les plans environnementaux et sociaux ?

SEN’EAU investit dans une alternative plus durable pour le traitement de l’eau, mais aussi pour la biodiversité avec des investissements stratégiques notamment par l’amélioration du processus de traitement de l’eau. C’est ainsi que nous avons commencé à nous passer du chlore gazeux que nous remplaçons par le sel avec l’électro chloration au niveau des usines. Cette expérience a été concluante au niveau d’une de nos stations à Dakar (le Point B). C’est une technique qui offre une sécurité d’approvisionnement précieuse pour les services des eaux, en générant une solution d’hypochlorite de sodium sur place, à la demande, pour la désinfection de l’eau. La solution d’hypochlorite de sodium est produite par électrolyse du sel, une ressource disponible au Sénégal. C’est une alternative naturelle étant donné que « l’utilisation du chlore gazeux représente un risque élevé notamment pour les zones d’habitation à proximité des sites de stockage au Sénégal. SEN’EAU cherche également à améliorer l’efficacité énergétique de ses installations d’eau potable. Dans le cadre de cette démarche écoresponsable, l’entreprise a signé un partenariat avec TotalEnergies pour deux parcs solaires. Le plus grand parc sera implanté sur le site de Keur Momar Sarr dans le nord-ouest du Sénégal, région de Louga. D’une capacité de 11,2 MWc (mégawatt-crêtes), la centrale sera équipée de 20 600 panneaux solaires et fournira jusqu’à 32 % d’électricité nécessaires au fonctionnement des usines d’eau potable. Le second parc solaire (9,3 MWc) sera construit pour couvrir 32 % des besoins en électricité du surpresseur de Mékhé dans la région de Thiès. Les deux parcs solaires photovoltaïques dont les travaux seront lancés d’ici la fin de cette année en 2025 affichent une capacité combinée de 20 MWc. Dans le même temps, nous réfléchissons à équiper nos agences de systèmes solaires en toiture. Les ressources solaires sont très abondantes au Sénégal et les équipements deviennent de plus en plus accessibles.

  • Son Excellence Monsieur Yoweri Museveni, Président de la République d’Ouganda,
  • Mesdames, Messieurs, les Ministres,
  • Monsieur le Président de l’Association Africaine de l’Eau et de l’Assainissement (AAEA),
  • Monsieur le Directeur exécutif de l’Association Africaine de l’Eau et de l’Assainissement (AAEA),
  • Excellences Mesdames, Messieurs, chers invités,

C’est un honneur pour moi de m’adresser à vous aujourd’hui, à l’occasion de l’ouverture du 22ème Congrès International et Exposition de l’Association Africaine de l’Eau et de l’Assainissement qu’accueille l’Ouganda.

Je tiens tout d’abord à exprimer mes regrets de ne pouvoir être physiquement parmi vous, en raison d’obligations gouvernementales qui m’ont conduit à représenter le Premier Ministre du Sénégal hors du pays. Cependant, j’exprime tout mon attachement et celui de mon pays à l’AAEA comme cadre de coopération autour des problématiques de l’Eau et de l’Assainissement.

Le thème de ce congrès, « Eau et Assainissement pour tous : un avenir sûr pour l’Afrique », résonne profondément avec les défis et les opportunités auxquels notre continent est confronté. Il met en lumière l’impérieuse nécessité d’accélérer l’accès universel à l’eau et à l’assainissement, en mobilisant à la fois l’innovation, la recherche et les meilleures pratiques.

L’eau, Mesdames et Messieurs, est bien plus qu’une ressource naturelle. Elle est le fondement de la vie, le socle de la prospérité économique et le pilier de la stabilité environnementale. Dans un monde marqué par des crises climatiques et socio-économiques croissantes, sa bonne gouvernance s’impose comme une priorité stratégique pour garantir un avenir durable.

Mesdames et Messieurs,

Le Sénégal, fidèle à ses engagements internationaux, a pris des responsabilités majeures pour porter cette vision et la traduire en impact positif sur la vie des populations et le dynamisme des secteurs de la production. En tant que futur Président du Conseil des Ministres africains chargés de l’Eau (AMCOW) pour la période 2025-2027, et co-organisateur de la 3ème Conférence des Nations Unies sur l’Eau en 2026 avec les Émirats arabes unis, nous œuvrons encore mieux à placer l’eau au cœur de l’agenda politique mondial.

Ces initiatives reflètent notre conviction profonde que l’eau doit rester une priorité absolue pour notre continent. Face à l’urgence climatique et aux défis croissants, une réponse collective, rapide et coordonnée est indispensable.

La présidence sénégalaise de l’AMCOW s’engage à adopter une approche axée sur l’ACTION pour renforcer l’impact des initiatives liées à l’eau et à l’assainissement en Afrique. En mobilisant les États, les partenaires au développement et toutes les parties prenantes africaines, elle vise à construire une Afrique libre, souveraine, prospère et résiliente d’ici 2063. Cette présidence promeut une nouvelle Vision africaine de l’Eau, plaçant ces enjeux au cœur des priorités continentales, tout en défendant une position africaine unifiée et un plaidoyer politique de haut niveau au sein de l’Union africaine et dans l’agenda mondial de l’eau.

Dans ce même élan, la Résolution adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations Unies le 6 septembre 2024, portée par le Sénégal et les Émirats arabes unis, confirme cette ambition. Elle établit les modalités de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau de 2026, dont l’objectif est d’accélérer la réalisation de l’Objectif de Développement Durable n°6 : garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement d’ici 2030.

Pourtant, à seulement cinq ans de cette échéance, l’ODD 6 reste dramatiquement hors de portée. Malgré les progrès accomplis depuis 2015, des millions de personnes à travers le monde, et particulièrement en Afrique, continuent de souffrir du manque d’accès à ces services essentiels.

Chers participants,

La situation critique de l’OOD 6 que je viens de décrire justifie l’importance capital que revêtent les travaux de ce congrès. Les recommandations qui émaneront de vos débats et de vos réflexions seront fortement attendues pour alimenter le contenu et les priorités de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau de 2026. Vos contributions, fondées sur l’expertise et l’expérience de terrain, seront essentielles pour définir des solutions concrètes et innovantes, capables de répondre aux défis actuels et futurs.

La Conférence de 2026 représente une opportunité historique. Elle vise à :

  1. accélérer les engagements mondiaux en faveur de l’ODD 6, en mobilisant des ressources et en renforçant les partenariats internationaux ;
  2. créer des alliances stratégiques entre États, organisations et acteurs locaux pour une coopération renforcée ;
  3. mettre en œuvre des solutions concrètes répondant aux besoins des communautés les plus vulnérables.

Pour relever ces défis, nous devons également instaurer un dialogue intergouvernemental régulier sur l’eau, afin de maintenir cette question au rang de priorité politique mondiale, même au-delà de l’Agenda 2030.

Le Sénégal, en partenariat avec les Émirats arabes unis, s’engage à conduire ce processus de manière inclusive et orientée vers l’impact. Nous travaillerons main dans la main avec l’ensemble des parties prenantes pour construire un avenir où chaque individu pourra bénéficier de l’eau comme ressource vitale et droit humain fondamental.

Dans cette optique, nous lançons, dès le 3 mars prochain à New York, les premières consultations formelles pour recueillir les contributions des États membres, des institutions internationales et des organisations non étatiques. D’ici à la Journée mondiale de l’eau le 22 mars 2025, nous proposerons un Document de Vision et une Feuille de route, dont une étape clé sera la Réunion préparatoire de haut niveau prévue vers la fin de cette année 2025 à Dakar. Nous serons honorés de vous y accueillir.

Excellence, Mesdames et Messieurs,

Au regard de ces enjeux d’une grande envergure, il apparaît nettement que les recommandations issues de ce congrès seront des pierres angulaires pour façonner l’agenda de la Conférence de 2026. Nous avons aujourd’hui une occasion unique de transformer nos ambitions en actions concrètes. Ensemble, nous pouvons bâtir un cadre multilatéral et un agenda mondial l’eau plus équitable, résiliente et durable. Le Sénégal et les Émirats arabes unis sont pleinement engagés à mobiliser toutes les énergies pour faire de cette Conférence un tremplin vers un avenir meilleur.

Au nom d’une Afrique résolument tournée vers la construction de sa propre résilience, allons à ce rendez-vous, armés de notre volonté ferme de bâtir le changement durable.

Je vous souhaite un excellent Congrès et vous remercie de votre attention,

 

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